mercredi 14 mai 2014

Café bouquins.... au sujet des femmes

Petit compte-rendu du CAFE BOUQUINS / Au sujet des FEMMES  
qui a eu lieu le  Dimanche 23 mars à 10h30.

 


AVOIR UN CORPS, Brigitte Giraud, Stock, 2013, 234 pages.
Le livre évoque l’histoire de la vie d’une femme à travers son corps, de petite fille, à jeune fille, jeune femme et femme adulte. La narratrice ne va pas au-delà de ses 40 ans environ. Le fil conducteur de ce récit de vie est le corps, et tout ce qui fait la particularité d’un corps de femme née dans les années 60.
Ainsi l’auteure évoque  les règles, les formes, le sport notamment la gym, les boums, les premières relations amoureuses, la grossesse. Le récit se déroule dans un espace restreint, en ville, en banlieue, dans l’appartement. Il y a juste quelques précisions sur la société, l’atmosphère d’une époque, à peine évoqués mais suffisant pour nous évoquer nos propres souvenirs et  rendre l'histoire tellement vrai,  « on dirait un film ». Il y a peu de personnages, la narratrice, sa famille et Le garçon. B. Giraud est « avare de prénoms », elle ne personnalise pas et pourtant c’est très vivant.
Son écriture est  très réaliste, avec des phrases simples, précises et concises. Cette écriture est dure : l’auteure semble écrire « sans » émotion tout en provoquant beaucoup d’émotions chez ses lecteurs. Ce calme apparent, emprunt de nostalgie, peut sembler froid, mais il y a toujours quelques touches d'humour pour alléger le propos.  L'auteure  énonce quelques vérités que l'on connaît, mais sans les avoir jamais énoncées.
Une participante du Café bouquins a notamment noté « tout ce qu’il faut faire pour ne pas tomber enceinte et quelques années plus tard, tout ce qu’il faut faire pour tomber enceinte ».
C'est un livre qui se lit facilement, il n’y a pas à proprement parler une intrigue, mais il nous parle donc il nous tient.
Extrait <<Ça commence avec une parole de ma mère. Désignant le sandwich que je viens de me confectionner avec une épaisse couche de beurre, elle espère que je ne vais pas manger tout ça. Comme je la toise du haut de mes treize ans, elle ajoute que je vais prendre des formes (encore cette histoire de formes). Je comprends aussitôt mais je mange à ma faim, pain, beurre, saucisson comme tous les jours à l'heure du goûter. Je comprends et puis je doute, et, pour la première fois, je regarde mon corps comme un objet sur lequel je peux agir. >>

Autres livres de Brigitte Giraud évoqué : dans « J’apprends » elle évoque sa mère restée en Algérie ; « à présent » évoque l’accident mortel de son compagnon et ses funérailles.


CHAMBRE 2, Julie Bonnie, Belfond, 2013, 192 pages. 
Julie Bonnie, née en 1972, est musicienne, chanteuse, auteure. La narratrice de son livre, Béatrice, auxiliaire de puériculture, nous fait découvrir de chambre en chambre les femmes qui viennent d’accoucher à la maternité où elle travaille, toutes ont un vécu spécial. Béatrice travaille dans cette maternité par obligation pour élever ses enfants.  Mais elle a du mal à supporter ce travail, et elle se souvient et nous raconte  sa vie d’avant, où elle dansait avec son amour Gabor et une troupe d’artistes sur les routes d’Europe. 
Ce roman nous transporte de chapitres en chapitres sur les routes avec « Béatrice d’avant » danseuse et libre, et de chambres en chambres avec « Béatrice aujourd’hui », trop impliquée dans ce métier difficile. C’est la description de deux mondes, la maternité lieu de situations dures, lourdes, et la vie d’artiste, plus libre, différente, fabuleuse.
C’est un roman difficile par les thèmes qu’il évoque, mais il se lit très vite. Julie Bonnie voulait écrire une chanson, mais elle n’arrivait pas à tout dire et la chanson est devenue son premier roman.  Certains thèmes sont évoqués tout au long du livre, comme la nudité, « Le fait de danser nue ne met pas forcément à nue ».
Ce livre a provoqué une discussion autour de la grossesse et de l’accouchement : ne devrait-il pas y avoir une transmission de femme à femme sur ses sujets ? La mère ne devrait-elle pas raconter à sa fille ces moments pour que ce soit moins terrible ? la maternité réaffirme en effet ce lien d’appartenance, cette filiation mère /fille.  Les femmes devraient pouvoir mieux se préparer à vivre cette expérience de la maternité, de la grossesse à l’après-accouchement. Les mères se doivent d’être joyeuses, mais  toutes ou presque connaissent le baby-blues. La naissance d’un enfant est aussi la naissance d’une mère.
                Julie Bonnie nous offre un récit poignant, avec une fin diversement appréciée, dure pour certains, très ouverte pour d’autres. La seule réserve de tous, est de ne peut-être pas le proposer à une femme enceinte !

Extrait <<Commence alors la présentation du service, chambre par chambre, femme par femme, âme humaine par âme humaine, drame par drame, vie par vie. En quelques mots : enfant, mort, anorexie, trisomie, hémorragie, déchirure, antécédents, pleurs, peurs, angoisse, nuit, crevasses, engorgement, tire-lait, solitude, mari, fausse couche, interruption médicale de grossesse, césarienne en urgence, utérus, ligature, psychosocial, infection, maltraitance, lien maternel, fragilité, dépression, périnée.>>

Chambre 2 a reçu le prix du roman Fnac 




LE CHŒUR DES FEMMES, Martin Winckler, POL, 2009, 320 pages.  

« Le chœur des femmes » fait partie de ses livres difficile à résumer, car dès les premières pages le lecteur est surpris par l’identité du narrateur, et il serait  dommage de dévoiler cette identité à ceux qui n’ont pas encore lu ce livre.…
Il y l’histoire de J. Atwood, qui pratique une médecine moderne, technique, chirurgicale, avec confiance mais sans écoute pour les malades. Atwood doit faire un stage de fin d’étude dans l’unité 77 de l’Hôpital de Tourmens (fictif), dont le chef de Service, Franz Karma est un médecin plein d’humanité, dont la mission principale consiste à écouter ses patientes.  Et puis, au delà de ces deux personnages, de leur histoire personnelle qui va créer l’intrigue du récit, il y a aussi les témoignages de toutes ces patientes venues dans ce service de gynécologie pour évoquer leurs douleurs, demander une contraception ou un avortement…
Martin Winckler est lui-même médecin, et une partie de ces témoignages sont repris de son site http://martinwinckler.com/ , ce qui donne un aspect documentaire à ce livre.
Il y a d’autres thèmes sous jacents comme l’identité, le genre, notamment dans les professions médicales. Dans l’esprit de beaucoup, « les médecins sont des hommes ; les femmes sont des soignantes ». Ce livre nous fait réagir sur la médecine et les médecins. Karma est un médecin plein d’humanité, contrairement à des médecins qui s’occupent plus de la maladie que du malade. Même si l’on doit relativiser car l’ambiance d’un service hospitalier dépend beaucoup des personnes qui y travaillent.
C’est un livre à classer parmi les essentiels, à recommander aux femmes comme aux hommes, et pourquoi pas à offrir à son médecin ! 

D’autres livres de Martin Winckler : « la maladie de Sachs », « en souvenir d’André ».

Extrait
"Elle s'interrompt. Je me tourne vers l'interne, je lui prends doucement le bloc et le stylo des mains et je pose le tout sur le bureau.

- Vous écrirez plus tard... Peut-être.

Puis, sans le materner plus longtemps, il finira par trouver sa place, je me tourne vers la patiente
et je m'ouvre à ses plaintes, à ses peurs, à ses pleurs, ses espoirs, ses désirs, ses échecs, ses plaisirs,
je me fonds dans son air, son couplet, sa ballade, son chant solo montant du choeur des femmes."


D’autres livres évoqués ce jour là …
-    Madeleine Chapsal  va sortir un livre en avril 2014 intitulé « le corps des femmes » (éditions Fayard)
-    Lola Lafon,  « la petite communiste qui ne souriait jamais » qui évoque le corps des femmes à travers le formatage des gymnastes.
-    E.E. Schmitt « la femme au miroir », éditions Albin Michel
-    Bande dessinée d’Etienne Davodeau « lulu femme nue »
-    « l’identité malheureuse » d’Alain Finkielkraut, éditions Stock, qui évoque dans un chapitre la vie des filles dans les quartiers.
-    Un blog d’un urgentiste : http://www.alorsvoila.com/ : journal de soignés/soignants réconciliés.

Prochain  CAFE-BOUQUINS  /  DIMANCHE 15 JUIN  :  des ROMANS GOURMANDS ….

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